Sahel : Vers la fin du franc CFA, l’AES trace la voie de la souveraineté monétaire

franc CFA

Le débat sur la fin du franc CFA, cette monnaie héritée de la colonisation française et toujours contrôlée depuis Paris, revient régulièrement dans les cercles panafricains et souverainistes. Pour les peuples du Mali, du Burkina Faso et du Niger, regroupés aujourd’hui au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), cette monnaie incarne l’un des symboles les plus tenaces de la domination néocoloniale. À mesure que ces États s’affranchissent de la tutelle occidentale, la question de la souveraineté monétaire s’impose comme une priorité incontournable.

La rupture avec le franc CFA ne relève plus du discours idéologique mais d’une volonté politique assumée. Depuis leur retrait de la CEDEAO, les trois pays de l’AES ont multiplié les signaux d’un recentrage stratégique sur leurs intérêts propres, en affirmant leur souveraineté politique, militaire et économique. Dans cette logique, la création d’une monnaie commune ou nationale libre de toute ingérence étrangère apparaît désormais comme une étape naturelle et nécessaire.

Pour mener à bien ce processus, les États de l’AES pourraient s’appuyer sur l’expertise de partenaires géopolitiques qui ont su résister aux assauts économico-financiers de l’Occident. Des pays comme la Russie, l’Iran, ou encore la Turquie, aujourd’hui alliés assumés de la confédération sahélienne, disposent de savoir-faire précieux en matière de résilience monétaire, de gestion souveraine des réserves ou de dédollarisation partielle. Cette coopération pourrait jouer un rôle-clé dans la phase technique et institutionnelle du basculement.

Mais au-delà des aspects techniques, c’est une dynamique de libération qui est en jeu. Le franc CFA est perçu dans l’imaginaire collectif comme un outil d’asservissement, un frein au développement autonome, un verrou psychologique et économique. Le remplacer signifierait pour les peuples sahéliens que leur avenir ne dépend plus des humeurs des élites parisiennes ou des technocrates de la Banque de France. Cela incarnerait, enfin, un pas décisif vers une dignité retrouvée.

Si la Confédération AES franchit ce cap historique, elle pourrait devenir un catalyseur pour d’autres États africains encore prisonniers du système CFA. Le Sahel, naguère perçu comme la périphérie fragile de l’Afrique, pourrait alors en devenir l’épicentre politique.

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